À plus petite échelle, les exploits d’André Gagné lors du duc de Kent, au Royal Québec, prennent l’allure de celles d’un certain Francis Ouimet à l’Omnium des États-Unis. L’étoile de la côte de Boischatel a gravi rapidement les échelons de son sport.
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Ouimet, un talentueux amateur ayant longtemps vécu comme cadet et élevé tout juste de l’autre côté de la rue du Country Club de Brookline en banlieue de Boston, avait remporté par surprise l’Omnium américain de 1913.
Gagné présente un parcours similaire. Ayant grandi à quelques pas du club de golf fondé en 1874, il y a fait ses premières armes à titre de cadet pendant 12 ans dès le début des années 1950. Un métier qui lui révèle de grands secrets. Il a d’abord goûté au Kent en trimballant le sac de golfeurs jusqu’au moment de s’y inscrire en 1963.
Le Duc de Kent c’est, depuis les années 30, le championnat majeur du Québec. Gagné y a inscrit son nom à trois reprises à ses 55 participations. Sa communauté l’a toujours soutenu avec vivacité, fondant ses espoirs sur le héros du patelin.
«C’est vrai que mon histoire peut ressembler à celle de Ouimet, si on l’adapte à Boischatel, à l’exception que mes parents souhaitaient que je joue au golf. J’étais capable de faire quasi l’impossible pour rivaliser dans le Duc de Kent », raconte le septuagénaire qui, selon ses registres personnels, a terminé deux fois au second rang, en plus des deux fois où il a perdu en prolongation. Quoi qu'il en soit, il a terminé dans le top 10 à 24 occasions.
«C’est un tournoi qui occupe une immense place dans mon cœur. C’est notre tournoi à Québec. Je me souviens qu'à la fin des années 70, il y avait plus de 2000 spectateurs. C’était grandiose. »
Pas une option
Malgré tous ses exploits, M. Gagné n’a jamais plongé dans l’aventure professionnelle. Souvent courtisé par des clubs, il a refusé leurs offres, se dit pleinement satisfait de son boulot de dessinateur au ministère des Ressources naturelles.
«En 1976, je n’avais qu’à signer le contrat qu’on m’offrait et je devenais professionnel. Mais j’adorais mon travail. J’y suis resté jusqu’à ma retraite en 1997 », raconte-t-il avec fierté.
Il ne s’est pas plus exilé aux États-Unis pour tenter sa chance sur les grands circuits. «J’avais assez d’humilité. J’aimais la compétition. Les tournois amateurs me satisfaisaient amplement. Et je n’aurais pas souhaité vivre dans mes valises en goûtant à la vie publique. »
Il est catégorique quand il observe son impressionnant palmarès. «Je ne regrette surtout pas mes choix. »